mardi 17 juin 2014

Only God Forgives



 

Nicolas Winding Refn - Réalisateur

ONLY GOD FORGIVES
De Nicolas Winding Refn
Distributeur France : Wild Side Film
Site Officielle

 Après la trilogie Pusher, Le Guerrier Silencieux (...) et le très marquant et remarqué Drive, Nicolas W.R. met à nouveau en scène celui qui semble être son acteur fétiche, j'ai nommé Ryan Gosling. Entre mutisme et freudisme le sublime transparaît. C'est un réalisateur fou de l'image et de la construction de chaque plan. Il assume ses couleurs et joue des motifs. Les symboles et les métaphores sont ici de mise. Le cadre permet au décor d'incarner la nature d'un personnage et devient un personnage à part entière. Dans un même temps et tout naturellement bien sûr, ce décor développe et enrichi celui d'un contexte (environnement), ici de nature anxiogène, il devient par la même révélateur de la psychologie du personnage principal. Tout en coexistant, le cadre fusionne avec le personnage principal.
 Le genre, la transmission et également l'héritage cette fois-ci du passé coloniale se trouve évoqué et employé dans un construction dramatique tendue. NWR se pose non pas en colon mais bel et bien colonisé. Posture rare dans un film de genre qui va à contre sens de tout ce qui a été fait auparavant et utilisant à contre-emploi son « héros ». 
Un film qui inspire, rend hommage et plonge avec force dans notre société contemporaine et se peut importe nos cultures et nos responsabilités. Nicolas Winding Refn a un regard éloquent, percutant et va jusqu'au bout.

Only God Forgives, un film mythique, hypnotique, historique et puissant.


Un film à voir ! 


 Bien entendu, cela n'engage que moi !






mardi 30 juillet 2013

As I Lay Dying

 


James Franco - Réalisateur
 AS I LAY DYING
De James Franco
Distribution France : Metropolitan FilmExport
 Site officiel

Avec talent et maîtrise, James Franco réalise une adaptation unique et ambitieuse d'un roman de W.Faulkner "Tandis que j'agonise". Il est très très bon et pêche peut être par certains côtés en assurance et en épaisseur de personnage, mais il est tout excusé tant le film est de haut niveau. Le rythme choisi, et littéralement la moiteur qui transpire du film et tout à fait palpable. La prise de risque est vraiment là pour servir, sublimer l'histoire et la mise en scène. Les comédiens, qui peuvent être un peu excessifs dans leur interprétation, apportent sans aucun doute de la profondeur et un encrage psychologique nécessaire pour une telle entreprise à la fois dramatique à la limite de l'ethnologie. En bref, il a tout du bon ! Bon casting, beau drame, belle réalité, belle musique, belle poésie, magnifique photo, introspection réussie et mise en scène au cordeau. James Franco est un bon metteur en scène et un très bon interprète d'autant qu'il s'aventure là ou très peu de jeunes réalisateurs vont pour un premier film. 
Un croisement entre Clint Eastwood et Mr Sean Penn, "As I Lay Dying ", c'est du cinéma.

Un film à voir !

 G. Plinterzaki

 Bien entendu, cela n'engage que moi !

mercredi 3 juillet 2013

mardi 2 juillet 2013

Les Films à Voir !: Critique du film, LE CONGRES

Les Films à Voir !: Critique du film, LE CONGRES: LE CONGRES
Du réalisateur Ari Folman
Distribution France : ARP Selection
Site officiel
Le 3 juillet au cinéma !

Critique du film, LE CONGRES




LE CONGRES
Ari Folman - Réalisateur
De Ari Folman
Distribution France : ARP Selection



 La comédienne Robin Wright, se voit offrir, par le réalisateur de Valse avec Bachir, Ari Folman, un Biopic futuriste «Poste-Cinématographique» basé sur sa carrière. Une histoire qui réalise un mélange fascinant entre le cinéma d’animation et la prise de vue réelle s'appuyant sur un fil conducteur unique, une comédienne, sa vie, son parcours et la projection de son avatar dans un future pas si loin que ça...



Nostalgie et auto dérision

 Robin Wright est mise en scène avec beauté et se trouve, volontairement ou plutôt, judicieusement malmenée par le bilan qu’Ari Folman réalise sur sa carrière et son devenir. Quelques scènes très intelligemment dirigées pourvues de dialogues qui tranchent et qui n’y vont pas par quatre chemins développent l'évolution professionnelle de la belle de Princess bride, qui très rapidement atteint les plus hauts sommets de la célébrité pour aussi vite tomber dans l’oubli. La faute à de mauvais choix de scénario pas assumés, d’absences répétés lors de tournages… Ainsi, un tableau peu reluisant dépeint un parcours d’actrice qui semble chaotique. Inéluctablement, R.Wright semble vouer à finir dans des films de Série B et donc totalement oubliée. A. Folman pousse ainsi R.Wright, devenue ici un personnage romanesque, dans ses retranchements pour mieux motiver les choix du scénario et tendre vers un certain onirisme hippie déjanté. Au passage, les grands studios américains en prennent un peu pour le grade. Il faut comprendre que : Maramount = Para... vous vous en doutiez... Bien entendu.



Icône/médium, âme et conscience

 Quoi de plus jubilatoire que de pouvoir déstructurer intelligemment un parcours filmographique, le reconstruire et le projeter dans un avenir probable ?  
A. Folman fait du cinéma d'anticipation, inspiré de la littérature de P.K.Dick, R.Matheson ou bien encore R.Bradbury. Cette voix, celle de R.Wright, en quelque sorte pré-actrice de chair et de sang incarnant l’âme premier de l’artiste et donc d'un individu à part entière, devient de fait (évolution technologique, choix artistique et de production oblige) une post-actrice virtuelle, pantin et avatar utilisant ce symbole d’icône passée, symbole devenu marque et désormais franchise. 
Elle, l’actrice, la femme, la mère est bien présente. Cette dualité humaine-personnage de fiction, nous fait prendre conscience de sa singularité, de sa force et de sa fragilité d'être. Dans le film d’animation de Mamoru Oshii, Ghost in shell, la recherche de l’âme chez un cyborg et l’exploration de la conscience sont au cœur de ce polar futuriste et de manière analogue,  ces notions de conscience, de morale, de libre arbitre et de l’existence de l’âme sont ainsi explorées par effet de miroir, au travers d’un personnage qui se trouve ne plus être un humain. 
A.F. pose dans une autre forme ses mêmes interrogations mais en nous plongeons dans un univers, semble-t-il concret, celui de l’industrie du cinéma qu’il a appris à connaître en profondeur. Il développe aussi l’idée qu’une personne existe dans une société au travers des liens qu’elle tisse avec autrui. Ces liens, sociaux, familiaux et amoureux, provoquent des choix, des engagements, des expériences et des perspectives. Au finale, tout cela élabore puis génère un état de conscience qui enrichit et permets de faire une remise en cause, de se repositionner avec de nouvelles perspectives et de relancer un autre processus. Mais alors qu'en est-il de l'individu une fois l'imagerie générée, avec tous ses fantasmes et de manière industrielle?


Misère/vieillesse, orgasme/éternité et apocalypse

 A ce stade il y a deux niveaux très clairement identifiés. L'un par le principe du film d’animation et l'autre par celui de la prise de vue réelle. L’un permettant, au début du film, de poser un point de départ, en plantant un contexte social, un cadre familial, professionnel et culturel identifiant de fait, un premier espace-temps. 
L’autre, le cinéma d’animation, ouvre le champ des possibles allant au jusqu’au-boutisme, dans une autre chronologie, mais une sorte « d’alternative-continue ». Cet autre monde parallèle, sublimé tel un nuage orgasmique protégé par des gardes, arrive comme un substitut au premier abord, inévitable, pour le personnage de Robin W. 
Ce monde parallèle devient pour cette actrice un substitut à la peur de l'oublie de la part du public - à la peur de la vieillesse et confirme le caractère narcissique que provoque la célébrité, surtout que si cette célébrité n'est pas alimentée, elle est vouée à disparaître. Ainsi, par égocentrisme, R.W. place tout cela au-dessus de toute autre considération signe son contrat et participe au Congrès. 
Enfin, Le retour à la réalité, qui se trouvera être une autre et nouvelle réalité, par le biais et la motivation de l’instinct maternelle provoque un "comeback" et un rebondissement fracassant cinématographiquement et profondément grisant humainement et sociologiquement. Ce retour très personnel à "une autre réalité" nous fait découvrir une vision plus globale du devenir de l’humanité. Selon A.F. ce nouveau monde sera régit par des forces économiques qui ne proposent aucune autre alternative, l’Homme est poussé à vivre dans un nuage surréaliste afin de survivre. C’est une nouvelle vision apocalyptique intéressante qui pour s'exprimer, n’exclut aucune forme esthétique en faisant un clin d’œil assumé au Tex Avery "cartoonesque", revenant et reprenant graphiquement également une période excessivement Flower-Power délirante, qui selon certains, a prouvé que ce mouvement est pratiquement mort dans l’œuf comme l’illustre au cinéma Hôtel Woodstock ou bien encore et surtout Easy Rider. Si l'homme n'assume pas ses choix et n'accepte pas l'idée de la mort, il ne vit pas. Dans ce magnifique nuage fantasmagorique, il n'exclus pas la religion ou plutôt les croyances anciennes et mésopotamiennes, Le Taureau la Divinité Féminine,  Déesse magnifiquement représentée au coté de cette force majeur animal, dans un ballet, virtuose d'une forme de trans.


Un bien économique

 La réalité est bien là et vivement pointée du doigt. La notion de célébrité, liée à une chronologie et tous les artifices qui vont avec, est croquée par le mode de la caricature et de la satire. L’individu est un objet, un faire-valoir et n’a d’intérêt que si elle pèse dans une balance économique. A.F. pousse à l’extrême le raisonnement en montrant l’alliance financière et industrielle de deux continents l’Asie et les États-Unis, actualité brulante. L’individu et son humanité devient une masse à gérer. Pour cela, il faut l’aliéné mentalement. Il devient ainsi plus docile et encore plus apte à consommer pour qu'une autre société puisse s’enrichir. Cette idée est très simpliste, mais magnifiquement et subtilement développer par A.F. laissant cette thématique plus ou moins en arrière-plan, mais suivant comme un deuxième fil conducteur tout le développement du film. 


Le cinéma est une affaire de gros sous

 Le cinéma est une industrie et un business qui doit être lucratif pour exister. C’est aussi en sous-texte ce que laisse entendre A.F. Il en va de même pour les comédiens. Ingénieusement, son film se retourne en une sorte de pamphlet contre cette évolution de ce secteur, qui nuit aux créateurs (réalisateurs, auteurs et producteurs), les talents (comédiens, techniciens), la diffusion (salles de cinéma de proximité) et aussi le public. Pour faire court, à cause d’une homogénéité de la production galopante, des trusts des grands groupes, le cinéma voit la disparition de l’artisanat, l'extinction des « petites » productions et des films d’auteurs et une présence accrue de complexes cinématographiques, conçus comme des temples, "Congrès" ou "Avalon" de la consommation où l’on trouve tout et où ils serait pratiquement possible d'y rester à vie.

Le choix, l'Amour, la Famille et l'universalité
 Les seuls éléments ou nœuds qui vont amener R.W. a effectuer un choix semble t-il moralement plus acceptable en l’occurrence, celui de retrouver son fils, sont : l'amour, la famille et l'instinct maternel. Littéralement, ses choix nous permettent à nous spectateurs de la comprendre, de la définir et de l'accepter. 
Ce récit induit une mise en perspective nouvelle de notre propre vision du monde et du devenir de celui-ci. Appuyant celui d'une industrialisation forte et galopante au détriment de l'être humain et de sa singularité. Nous offrant un film d'anticipation, A.F. croise tous les enjeux de la société contemporaine avec beaucoup de créativités. Cette touche dramatique, voulue par A. Folman, donne matière à réflexion et revêt un aspect, naturellement plus universel.

C’est un film dense, mais réellement passionnant, ambitieux et jubilatoire !

Un film à voir !

Bien entendu, cela n'engage que moi ;-)